Témoignage
pierre barel
Chef de projet au GCS e-Santé Bretagne
Pierre Barel, Chef de projet au GCS e-Santé Bretagne depuis près de 10 ans, revient sur le projet de déploiement du DMP en Région Bretagne.
Une expérimentation initialement lancée par l’ASIP Santé (nouvellement Agence du Numérique en Santé) et l’ARS Bretagne visant à déployer le DMP en Région Bretagne.
Rôle, missions et enjeux du GCS e-Santé Bretagne
Retour sur la genèse du projet et les enjeux du déploiement du DMP en Région Bretagne
L’automatisation grâce à Hopital Manager
La solution de Softway Medical
Rôle, missions et enjeux du GCS e-Santé Bretagne
Quelles sont les missions du GCS par rapport au besoin exprimé par l’ARS Bretagne ?
Il y a près d’une quinzaine d’années, l’ARH, Les Fédérations hospitalières publiques privées, l’Urcam et l’Union régionale des médecins libéraux, avaient besoin d’un acteur qui puisse porter des projets mutualisés en e-santé. Le GCS e-Santé Bretagne a donc été créé en 2007 pour répondre à ce besoin et travailler de manière transversale avec tous ces acteurs. Aujourd’hui, notre ARS s’appuie sur nous en tant que GRADeS « Groupement Régional d’Appui au Développement » de l’e-santé pour porter ces sujets-là.
« Nous aimons à nous présenter comme l’architecte régional de la e-santé.
Pierre Barel, Chef de projet au GCS e-Santé Bretagne
À ce titre, le GCS e-Santé Bretagne est amené à piloter et à coordonner des projets mutualisés qui permettent des échanges numériques entre tous les acteurs de notre territoire, qu’ils exercent en libéral, en établissements publics ou privés, dans le secteur Médico-social ou Sanitaire. »
Adhèrent à notre groupement toutes les structures qui interviennent sur le champ de la santé en région. Nous proposons un accompagnement à l’ensemble de nos adhérents, soit par le biais de différents services intégrés à notre bouquet de services, soit en leur apportant une expertise sur un sujet précis.
Retour sur la genèse du projet et les enjeux du déploiement du DMP en Région Bretagne.
Pierre Barel : J’ai été recruté en 2012 pour porter une expérimentation sur le DMP de première génération. Il existait déjà des premiers usages antérieurs à mon arrivée puisque dès fin 2011, des établissements ont pu bénéficier d’accompagnements financiers du National pour commencer à expérimenter ce DMP de première génération. Il s’agissait de l’hôpital de Ploërmel et du pôle Saint Hélier à Rennes, qui est un centre de médecine physique réadaptation équipé notamment de la solution Hopital Manager de Softway Medical
Ma mission était donc de déployer le DMP sur un bassin de santé et d’embarquer tous les acteurs, qu’ils soient hospitaliers ou libéraux.
Cette expérimentation a duré près de trois ans.
Nous avons connu un ralentissement entre 2014 et 2015, au moment où les pouvoirs publics ont commencé à annoncer la refonte du DMP et l’arrivée d’un DMP de deuxième génération.
Ceci a conduit à la loi de santé de juillet 2016, qui a transféré le pilotage du DMP à l’Assurance Maladie puis instauré ce DMP de deuxième génération.
En 2016, la CNAM reprend en main le pilotage et se donne une feuille de route avec un projet en deux temps :
- 2016 – 2018, une expérimentation dans neuf départements pilotes, dont les Côtes d’Armor pour la Bretagne
- 2018, généralisation à l’ensemble du territoire.
Le GCS e-Santé Bretagne a donc été sollicité par l’Assurance Maladie dès 2016 pour les accompagner en tant qu’assistant à maîtrise d’ouvrage sur les déploiements de ce DMP de deuxième génération et bénéficier ainsi de notre expérience sur le sujet. Sur la partie pilote, nous sommes intervenus à la fois sur le déploiement des établissements en tant que conseil et responsable du périmètre déploiement, mais aussi sur le volet libéral, en tant que conseil.
Depuis 2018, nous sommes aujourd’hui rentrés dans cette phase de généralisation, et avons toujours cette mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage, mais nous nous concentrons vraiment sur le périmètre des établissements de santé.
Premier client Softway Medical DMP Hopital manager, le Pôle Saint Hélier est connu en France pour être un précurseur et une structure souvent en avance sur son temps.
Parlez-nous du rôle du GCS e-Santé Bretagne auprès de ses adhérents ?
Pierre Barel : Nous avons un rôle d’accompagnement sur toutes les composantes du déploiement, le volet organisationnel étant le volet le plus important. Nous accompagnons également les établissements sur le volet technique, mais finalement, ils sont structurés et ont des équipes DSI qui sont très compétentes et qui connaissent par cœur leurs outils. Ils travaillent en étroite collaboration avec leurs éditeurs pour la mise en œuvre, et tout le pan technique. Cela nécessite quand même parfois qu’il y ait un accompagnement un peu technique côté GCS e-Santé Bretagne pour qu’il n’y ait pas de trous dans la raquette dans le déploiement. Cela dépend de l’environnement dans lequel évolue l’établissement en question. Il y a des établissements qui sont soit équipés de solutions qui ne nécessitent pas d’accompagnement technique de notre part, parce que c’est rodé et ça se déroule comme il se doit avec l’éditeur. Et puis, il y en a d’autres qui ont besoin d’être un peu rassurer sur la manière dont ils implémentent les choses.
Donc, en fonction de l’établissement et de son équipement, nous allons intervenir soit uniquement sur le périmètre médical, organisationnel et la méthodologie projet, et cela peut dériver un peu sur la partie technique dans certains cas.
Sur le périmètre de la création de dossiers, au niveau français, nous approchons des 10 millions de DMP ouverts. Sur 3.5 millions de Bretons, 419 000 disposent d’un DMP.
Il nous faut désormais faire vivre ce DMP, nous ne cherchons pas à créer des coquilles administratives. Il faut y mettre du contenu et qu’il y ait un intérêt pour les professionnels de santé de s’en emparer. Et c’est par son alimentation et le fait de lui donner du sens et du contenu que nous arriverons à tirer de l’usage.
Vous êtes sur une statistique haute, comment l’expliquez-vous ?
Pierre Barel : Ces statistiques hautes s’expliquent par le fait que nous sommes entrés très tôt dans le projet, avec des premiers usages mis en place dès 2012 et un département pilote sur le DMP deuxième génération, ce qui nous a permis d’atteindre des volumes intéressants assez rapidement. Nous avons également eu la chance d’avoir des expérimentateurs aux différentes étapes.
Mais surtout, nous avons toujours eu dans nos priorités en matière de déploiement, et ce dès le démarrage, le fait de rendre l’automatisation des alimentations la plus rapidement possible opérationnelle et de permettre aux établissements de santé d’alimenter automatiquement le DMP et faire ainsi du volume assez rapidement.
Automatiser l’alimentation du DMP, c’est LE facteur différenciant d’Hopital Manager
Pierre Barel : Aujourd’hui nous avons 100 000 DMP alimentés par les établissements de santé et les professionnels de santé libéraux dans la région soit environ 25% de DMP alimentés par les acteurs de santé.
Cela représente 750 000 documents. Concernant les clients Hopital Manager, c’est 17.000 DMP alimentés avec 53.000 documents déversés (soit 7% des alimentations de la région).
Parmi les principaux établissements alimentant le DMP, nous retrouvons le Pôle St Hélier, mais également les deux établissements qui faisaient partie du projet pilote, l’hôpital privé des Côtes d’Armor à Plérin et la polyclinique du Trégor, à Lannion.
Le quatrième gros faiseur est le Centre régional de lutte contre le cancer Eugène Marquis, qui a aussi travaillé très, très vite à l’automatisation de ses alimentations et en faisant un choix très tôt d’un périmètre documentaire assez large devant aller dans le DMP.
Ces 4 établissements sont équipés du DPI Hopital Manager.
Nous avons ensuite des établissements qui travaillent globalement sur l’alimentation, mais qui avancent à petits pas, en alimentant d’abord de manière automatique des documents qui ne font pas débat tels que le compte rendu d’hospitalisation, la lettre de liaison ou la lettre de sortie. C’est le socle minimal.
Le vrai enjeu pour demain, c’est que l’on ait une consultation du DMP qui soit la plus fluide et la plus transparente possible, pour les professionnels de santé et les médecins en première ligne.
Pierre Barel, Chef de projet à la GCS e-Santé Bretagne
Quelles sont les évolutions que vous attendez autour du DMP aujourd’hui ?
Pierre Barel : A horizon 1 an, la création automatique du DMP pour toute la population va être un vrai effet levier. Tout partira de la création de l’ENS (Espace Numérique de Santé) qui interviendra au 1er semestre 2022. Chaque Français en sera équipé par défaut, sauf s’il s’y oppose.
L’enjeu de la création, qui était un enjeu fort jusque-là, ne va plus être un sujet d’ici un an et c’est une vraie avancée car nous pourrons nous concentrer uniquement sur le travail du contenu du DMP et du « faire vivre » ce dossier.
L’alimentation automatique reste le second point important. C’est un sujet déjà sur rail et qui avance dans le bon sens. Il est aussi aidé par les dispositifs de financement que les pouvoirs publics ont mis en place. Je pense notamment au programme HOP’EN, extrêmement incitatif pour les établissements afin de leur permettre d’automatiser au maximum leur alimentation du DMP.
Concernant les établissements qui ont candidaté sur le domaine D2 ou D6 du programme Hôpital Numérique, nous attendons de leur part qu’ils déversent systématiquement les documents produits dans le DMP du patient. C’est à dire que pour un patient, qui a un DMP ouvert, celui-ci doit être alimenté par l’établissement dans 98% des cas. Ce sera ainsi un vrai vecteur de développement de l’usage !
Nous avons donc des DMP ouverts et alimentés, il faut désormais qu’ils soient consultés. Le vrai enjeu pour demain, c’est que l’on ait une consultation du DMP qui soit la plus fluide et la plus transparente possible, pour les professionnels de santé et les médecins en première ligne. Et c’est là que nous attendons aujourd’hui les éditeurs.
La réponse de
Nous développons la visualisation du DMP directement intégrée dans notre DPI de manière fluide pour les professionnels de santé. Nous nous appuyons sur les moyens d’authentifications eCPs et Pro Santé connect afin de ne pas avoir les contraintes physiques de la carte CPS.
Jean-Jacques Martin, Product Manager Softway Medical
J.J Martin : Softway Medical a mis en œuvre assez rapidement l’automatisation de la transmission dans Hopital Manager, afin de permettre la transmission des documents dans le DMP sans rajouter de lourdeur que ce soit pour le personnel administratif ou le personnel soignant. Nous permettons la publication dans le DMP des documents produits dans notre DPI et des documents collectés par connexion pour enrichir le DPI patient.
Softway Medical s’engage dans un grand projet afin de permettre la visualisation du DMP directement dans le DPI Hopital Manager, c’est-à-dire intégré aux écrans du professionnel de santé. Nous souhaitons pouvoir lui présenter les documents qui l’intéressent dans le DMP, soit à travers le portail médical, soit à travers la synthèse générale.
Pour ce faire, nous participons actuellement au projet de la DGOS (Direction Générale de l’Offre de Soins), lancé en 2020 de façon à pouvoir consulter le DMP sans la carte CPS.
En effet, l’usage de la carte CPS physique est un grand frein dans les établissements, pour la consultation du DMP. Nos instances nationales ont bien pris conscience de ce frein-là et ont fait un appel à projets de façon à pouvoir permettre la visualisation du DMP sans cette carte-là.
Softway Medical, avec un de ses clients, participe à cet appel à projets et commence à travailler pour la mise en œuvre. En terme d’authentification utilisateur, nous nous sommes basés sur la eCPS et Pro Santé Connect qui permet de dématérialiser l’authentification de l’utilisateur sans l’usage de la carte CPS physique. Une fois authentifié à Hopital Manager via ce moyen-là, puisque ce sera un nouveau moyen de connexion, et si le patient bénéficie d’un DMP, nous aurons directement dans les différents écrans d’Hopital Manager, la visualisation des documents à disposition.
J.J Martin : L’idée étant que ce soit vraiment fluide pour les utilisateurs, que ce soit intégré dans les écrans métiers et que cela soit pris en compte dans le workflow de prise en charge du patient dans les établissements. Nous espérons que cette expérimentation sera un succès et que nous pourrons généraliser dans les mois et les années à venir, ce cas d’usage et ce moyen d’utilisation.
Concernant le calendrier, nous n’avons pas encore d’idée précise car la DGOS est en train de le revoir.
Initialement, l’expérimentation devait se faire pour le mois de septembre 2021. Compte tenu de la pandémie, et des retards dans les réponses à l’appel à projets, l’expérimentation devrait être retardée de quelques mois. Nous espérons avoir les premiers résultats dans le courant de l’année 2022, et nous pourrons ainsi généraliser le dispositif.
Nous avons capitalisé sur la eCPS et sur Pro Santé Connect afin de mettre un cadre et que cela puisse ainsi correspondre à des moyens d’authentification que l’on retrouve sur différents outils et bientôt sur l’ENS (Espace Numérique de Santé). Nous capitalisons donc sur ces moyens-là de façon à pouvoir plus facilement le déployer et ne pas s’appuyer forcément sur une solution propriétaire pour un client.
Ces solutions eCPS et Pro Santé connect ont déjà été intégrées sur notre portail PS que nous mettons à disposition des établissements afin que les médecins extérieurs puissent venir consulter un certain nombre d’informations ou venir amener de l’information liée à leurs patients et les aider à prendre des rendez-vous ou visualiser des documents. Nous constatons désormais que les professionnels de santé savent de quoi on parle et commencent à comprendre comment il faut l’utiliser.
La stratégie adoptée nous paraît être la bonne. C’est l’assurance d’avoir un dispositif pérenne dans le temps qui ne soit pas utilisé exclusivement pour un usage DPI mais également pour d’autres usages.
Jean-Jacques Martin, Product Manager Softway Medical
Si on se réfère au contexte sanitaire actuel de la pandémie de COVID, on voit qu’on demande aux établissements de s’identifier sur le site national de vaccination via la eCPS.
Nous sommes donc dans la bonne dynamique en faisant le pari de travailler sur ces outils-là. C’est l’assurance d’avoir un dispositif pérenne dans le temps qui ne soit pas utilisé exclusivement pour un usage DPI mais également pour d’autres usages.