Parmi ces appels d’offres remportés, 6 l’ont été lors des 12 derniers mois. Tous n’ont pas encore été officialisés, a-t-il ajouté.
Softway Medical fait partie des 7 éditeurs sélectionnés fin décembre 2019 par le Réseau des acheteurs hospitaliers (Resah) pour un marché sur « la fourniture, le déploiement et la maintenance » du dossier patient informatisé (DPI) dans les groupements hospitaliers de territoire (GHT), note-t-on.
« Nous avons perdu 3 ou 4 appels sur les 15 ou 16 auxquels nous avons participé, et nous sommes souvent arrivés deuxièmes », a fait valoir Patrice Taisson.
« L’année 2019 s’est très bien passée », a-t-il commenté. « Nous avons réalisé une croissance organique d’environ 20% et un chiffre d’affaires de 52 millions d’euros », grâce des acquisitions et prises de participation, mais surtout aux nouveaux marchés.
La consolidation du marché de l’informatique hospitalière, illustrée notamment par l’acquisition par Dedalus d’une partie de l’activité logiciels de santé du groupe belge Agfa-Gevaert pour 975 millions d’euros, et l’arrêt par Cerner de la commercialisation de son DPI Millenium en France, a incité Softway Medical à « accélérer sa stratégie de déploiement dans les CHU ».
L’éditeur « vient du privé », a-t-il rappelé, et compte parmi ses clients plus anciens les groupes Orpea, Korian ou encore Ramsay santé. Il s’est notamment développé dans les établissements publics grâce à un partenariat avec le groupement d’intérêt public (GIP) Mipih (Midi Picardie informatique hospitalière), qui distribue le DPI Hopital Manager.
« Dans le cadre de notre ‘CHU Project’, nous allons recruter 50 nouveaux collaborateurs dans le domaine de la R&D en plus des 150 déjà présents, et investir 10 millions d’euros pour s’adapter aux nouveaux besoins et à ceux qui ne manqueront pas d’émerger avec la sortie de la crise sanitaire », a déclaré Patrice Taisson.
Softway Medical emploie environ 500 personnes et en recrute actuellement une trentaine, en sus des 50 cités ci-dessus, a-t-il précisé.
Concernant les « nouveaux besoins » en informatique hospitalière, il a cité « la recherche » mais n’a pas souhaité donner davantage de détails.
« Notre ambition est d’atteindre les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires dans 5 ans, avec au moins deux tiers de cette progression issue de la croissance organique », a-t-il déclaré.
Concernant la croissance externe de la société, des « annonces d’acquisitions » sont prévues « dans les prochaines semaines », a-t-il indiqué sans plus de détails. « Notre stratégie d’acquisition est d’acheter soit un parc de clients, soit de nouvelles fonctionnalités pour notre portfolio de produits, soit des technologies. Les acquisitions que nous allons annoncer cocheront plusieurs de ces cases. »
La consolidation du marché « était annoncée »
Interrogé sur le retrait de Cerner du marché français, Patrice Taisson a dit ne pas être « étonné » et être « plutôt content, car ça ouvre des marchés. Idem avec l’absorption d’Agfa par Dedalus, ça va inciter les utilisateurs à se poser des questions ».
« La consolidation du marché était annoncée », a-t-il développé. « Elle est nécessaire, par exemple pour faciliter la standardisation. Les autres acteurs du marché ont des produits vieillissants. Il y a une fenêtre [pour Softway Medical]. Certains, comme Dedalus, font beaucoup d’acquisitions et ont une importante croissance externe. Notre business repose essentiellement sur la croissance organique, autour de 17 ou 18% par an depuis 5 ans. On fera partie de ceux qui seront là à la fin. »
Il a cependant exclu un lancement sur le marché européen, insistant sur « les développements entièrement réalisés en France » et « l’actionnariat entièrement français » de la société.
Pendant la crise sanitaire, l’éditeur a développé un outil de suivi des patients atteints de Covid-19 et un outil d’aide à la détection du Covid-19 en radiologie. Ses projets ont continué à avancer normalement, a assuré son président.
« Nous sommes restés mobilisés ’24/7′ pour nos clients, car nous sommes le seul éditeur qui est également intégrateur et hébergeur certifié HDS [hébergeur de données de santé]. Cela permet aux établissements d’avoir un seul interlocuteur et des réponses rapides », a-t-il indiqué.
« Nous n’avons pas encore tiré tous les enseignements » de la crise sanitaire, a-t-il poursuivi. Malgré le brusque passage au télétravail, « les retours des équipes et des instances sont positifs. Nous avons maintenu nos recrutements pendant la crise. Nos méthodes de travail vont changer, mais nous analyserons ça à la rentrée. Le télétravail est utile, mais je ne crois pas qu’il soit à généraliser. »
Patrice Taisson a estimé que la feuille de route du numérique en santé s’inscrit dans la « continuité » des différents plans d’informatisation élaborés depuis 2017.
« On assiste plus à une accélération qu’un démarrage », a-t-il commenté. « Cela va dans le bon sens, ça tire le business et ça motive les établissements à s’équiper, à condition que les financements suivent. »
« On a senti des propositions beaucoup plus pragmatiques et en ligne avec ce qu’on proposait, notamment sur l’ouverture vers la ville », a-t-il ajouté au sujet de la gouvernance du numérique en santé impulsée par les responsables ministériels Dominique Pon et Laura Létourneau.