Softway Medical en route pour conquérir le marché européen des logiciels de santé
Le magazine de l’European Association of Hospital Managers, EAHM, revient sur l’hypercroissance de Softway Medical dans une interview exclusive.
L’EAHM est l’une des plus grandes associations de gestion hospitalière au monde. Elle représente à la fois les directeurs d’hôpitaux des hôpitaux publics et privés de l’Union européenne et au niveau international.
Lors d’un entretien croisé inédit, en anglais, avec Sherley Brothier, CTO du Groupe Softway Medical et Jean-Baptiste Franceschini, Directeur Marketing Communication et Développement à l’International, le numéro de mars 2024 revient sur les innovations du Groupe leader des systèmes d’information en santé. Un article à découvrir pages 14 & 15, juste ici :
Découvrez la version française :
Après une année exceptionnelle en 2022, Softway Medical a confirmé son avance en 2023.
En tête de liste du dernier classement de l’institut international KLAS Research, l’éditeur français suscite maintenant l’intérêt de ses voisins européens. Ce modèle unique d’éditeur, d’intégrateur et d’hébergeur qui a démontré sa pertinence en France part maintenant à la conquête de l’Europe avec de nombreux atouts et une vision inspirante de la e-santé. Entretien croisé avec Sherley Brothier, CTO du Groupe Softway Medical et Jean-Baptiste Franceschini, CMO et développement international.
Cette année, Softway Medical s’est hissée sur la première marche du podium dans le classement du KLAS Research. Que peut-on en dire ?
Jean-Baptiste Franceschini : Softway Medical a fait une entrée très remarquée dans ce classement en 2022. Absente jusqu’à lors, l’entreprise a directement intégré la deuxième position pour les prises de part de marché sur le segment DPI en Europe pour la période 2016-2018.
Cette percée s’est affirmée sur la période suivante (2018-2022), Softway Medical faisant désormais la course en tête et s’affirmant comme l’éditeur ayant conquis le plus de nouveaux clients en Europe à savoir plus de 250 nouveaux établissements. Plus marquant encore, nous n’opérons qu’avec une seule offre, l’ERP de santé Hopital Manager et à 95% sur le marché français sur cette période. La position des autres grands acteurs consolide des croissances externes et des offres parfois concurrentes, tandis que notre croissance est purement organique et désormais visible hors de l’Europe.
En excluant les Etats-Unis, Softway Medical est maintenant positionnée au quatrième rang mondial du parc total d’établissements et au sixième rang en tenant compte des acteurs américains. Seul éditeur français à nous mesurer aux géants de la santé numérique pour la plupart anglo-saxons, nous sommes légitimes en tant que porte-voix d’une filière e-santé que nous espérons pleinement souveraine. Nous comptons à présent faire valoir auprès d’autres pays européens cette réussite jusque-là exclusivement centrée sur la France. D’autant que la maturité que nous avons acquise avec le Ségur numérique de la santé est de nature à nous donner un avantage compétitif : un niveau de pertinence et de modernité dans des usages inspirants pour les différents territoires européens.
La grande vertu du Ségur numérique de la santé, c’est d’avoir décrit le parcours patient et de lui avoir donné une structure. C’était le préalable nécessaire à la digitalisation de la santé pour interagir selon des parcours définis et générer des protocoles de prise en charge. Pour les éditeurs, le Ségur numérique de la santé représente un investissement colossal mais notre conviction c’est qu’il trouvera rapidement son retour sur investissement tant il répond à la réalité du parcours de soins et aux attentes des soignants et des patients.
Quelle est la vision qui a guidé votre croissance ?
Sherley Brothier : Dès l’origine, nous avons opté pour une stratégie à la fois visionnaire et pragmatique. Visionnaire, car nous avons anticipé des virages structurants pour l’informatique de santé ; misé rapidement sur les technologies web et imposé le concept de cloud souverain. Sur ce dernier point, nous avons toujours eu la conviction que la sensibilité des données de santé que nous manipulions nous obligeait et qu’à ce titre elles ne pouvaient pas transiter chez des acteurs tiers. C’est pour cette raison que
l’hébergement que nous proposons est souverain à l’échelle européenne. C’est un sujet qui nous semble crucial ainsi qu’à nos clients.
Aujourd’hui, nous complétons notre offre en proposant des fonctionnalités disponibles en mode micro-services pour répondre à des besoins que nous savons évolutifs. Ce virage technologique s’inscrit dans notre volonté d’ouvrir Hopital Manager à des solutions tierces innovantes. Ce faisant, nous permettons de modulariser une application en un ensemble de services indépendants et autonomes. Chacun étant responsable de l’exécution d’une tâche spécifique et interagissant entre eux au travers d’API. Cette architecture est d’ailleurs un standard chez les acteurs du web tant elle offre une souplesse précieuse sans dégrader l’intégrité du cœur applicatif.
Moduler la puissance délivrée en fonction du volume d’activité réel est une réponse aux évolutions des usages. Précédemment, le nombre d’utilisateurs d’un système d’information hospitalier était connu et prévisible puisque son utilisation était exclusivement à usage interne de l’établissement. C’est différent aujourd’hui. L’informatique hospitalière est ouverte aux correspondants de ville et aux patients. Le nombre de connexions augmente de manière exponentielle et imprévisible : il est difficile de maîtriser ses ressources informatiques et les moyens à mettre à disposition.
Les micro-services permettent précisément d’offrir l’élasticité technique nécessaire en réponse à ces enjeux. Un établissement peut ainsi mobiliser de la puissance supplémentaire pour faire face à un pic d’activité ponctuel, puis revenir facilement à son niveau habituel.
S’agissant de la dimension pragmatique de votre vision ?
Le succès d’une solution est intimement lié à son adéquation avec les métiers qu’elle adresse pour être au rendez-vous avec l’utilisateur. La technologie doit s’immiscer dans l’usage quotidien de l’utilisateur en étant facilitatrice et presque invisible. C’est pour cette raison que nous avons opté très tôt pour une construction en agilité et user centric de nos solutions. L’intérêt que nous portons à nos utilisateurs explique le succès croissant rencontré par Hopital Manager. Autre facteur de succès : nos délais de déploiement. Ils sont jusqu’à deux fois plus rapides que d’autres DPI.
Quelle analyse faites-vous du marché actuel ?
Jean-Baptiste Franceschini : Nous constatons une augmentation de la demande. Nos atouts n’ont pas échappé aux établissements de santé, en France comme ailleurs. La Belgique a déjà retenu Softway Medical et Hopital Manager pour son programme Polaris : un projet ambitieux de dossier patient mutualisé pour trois institutions du réseau wallon Phare qui représente plus de 2160 lits. Fort de nos différentes expériences sur les GHT – qui représentent jusqu’à 7000 lits pour le plus important que nous ayons eu à déployer-, ce sont des projets pour lesquels nous avons désormais pleine légitimité. C’est d’ailleurs une de nos forces : avoir acquis une expérience solide sur des projets qui concernent de vastes territoires jusqu’à l’échelle nationale.
Le pragmatisme, c’est aussi la capacité à délivrer de manière opérationnelle à l’échelle d’un groupe d’établissements dans des délais maîtrisés. C’est une faculté qui est décisive dans l’appropriation d’une nouvelle solution par un grand nombre d’utilisateurs.
En Belgique, nous avons conclu un partenariat avec SBIM – éditeur de logiciels administratifs et médico-techniques dédiés au secteur hospitalier belge et luxembourgeois -, pour adresser ce marché avec une parfaite connaissance des attentes et de la réglementation.
Depuis que Softway Medical s’est imposée parmi les principaux compétiteurs du marché, l’appétence qui se manifeste est bien réelle chez les acteurs de la santé en Europe. Il y a une logique à cela puisque nous alignons des caractéristiques en adéquation avec les exigences actuelles sur les plans techniques, technologiques mais aussi en termes de qualité de service.
Pour vous donner un exemple, nous opérons nos Data Centers avec une maitrise complète de toute la chaine logistique : compute, stockage, network, sans oublier une capacité d’intervention (y compris physiquement dans les datacenters) 7j/7 24h/24. Certifiés ISO 27001, ISO 90001 et HDS (hébergeur de données de santé), nous sommes en mesure de délivrer un service de “bout en bout”: de l’hébergement des infrastructures et des données jusqu’aux portes de l’établissement, en passant par le déploiement de liens de télécommunications. Grâce à cette totale maîtrise de la chaine, l’établissement-client n’a qu’un seul interlocuteur avec un engagement global. C’est une proposition qui offre à la fois de la sérénité et de la performance. Les coûts sont maîtrisés.
Quelles sont les suites que vous pensez donner à cette croissance ?
Jean-Baptiste Franceschini : Nous sommes ouverts à plusieurs options, mais l’intérêt que suscite notre offre en Europe est une opportunité que nous comptons saisir. D’autant que notre solidité financière nous permet d’envisager sereinement les investissements ad hoc pour les pays non-francophones.
Pour autant, si les perspectives à venir sont prometteuses pour Softway Medical, nous ne nous départirons pas de ce pragmatisme qui est notre marque de fabrique. Nous monterons une marche après l’autre, en commençant par consolider notre réussite en France puis en Europe.
Sherley Brothier : Au-delà de la croissance territoriale de nos marchés, il reste encore beaucoup à explorer en matière de technologie. Les défis sont nombreux, vieillissement de la population européenne, augmentation des maladies chroniques, raréfaction des soignants, enjeux de décarbonation de l’hôpital etc. La technologie n’apportera pas l’ensemble des réponses mais elle aura sa part à jouer et nous sommes persuadés que le système de santé français, et plus largement européen, doit encore vivre sa révolution. Bien entendu, les pouvoirs publics ont un rôle clé à jouer pour accompagner cette nouvelle transformation qui rendra le citoyen acteur de sa santé. Mais un groupe tel que le nôtre a déjà anticipé certaines évolutions en intégrant par exemple le traitement de la data de santé et les avancées technologiques au cœur de son offre.
Quels sont donc les prochains développements technologiques sur lesquels vous travaillez ?
Sherley Brothier : L’ère de la médecine des 6P – Prévention, Personnalisation, Prédiction, Participation, Pertinence, Parcours de soin – ouvre un vaste champ des possibles en matière d’usage de la data. Sa juste utilisation trouve des applications vertueuses en matière de recherche scientifique et de santé publique. Par exemple, les informations générées par les données de vie réelle des populations sont clés dans la prise en charge des maladies chroniques. L’analyse de ces données longitudinales à échelle régionale permet la détection de signaux faibles. L’intérêt suscité par cette utilisation de la data est réel – il y a d’ores et déjà de nombreux appels d’offres en cours au niveau de l’EHDS (European Health Data Space) – et ce sont des sujets sur lesquels nous apportons une valeur ajoutée. D’ailleurs, nous travaillons d’ores et déjà avec quelques-uns de nos clients les plus avant-gardistes sur ces sujets.
Les solutions du Groupe Softway Medical adressent toute la chaîne de production de soins : de la médecine de ville à l’hôpital en passant par les laboratoires de biologie et l’imagerie médicale. C’est dire notre capacité à collecter des informations sur l’ensemble des parcours patients. Ici, le champ des possibles est proportionnel aux attentes de l’ensemble des acteurs de la santé et des patients : immense.
En plus de notre capacité à exploiter la data avec nos clients, notre proposition en matière d’hébergement présente un véritable intérêt et est identifié comme tel par nos interlocuteurs. Nous avons la capacité à stocker d’importants volumes d’informations et de les mutualiser à l’échelle de groupements de cliniques ou de GHT via des datalakes. L’architecture de nos infrastructures et leur robustesse donnent la puissance de calcul ad hoc pour des utilisations en Business Intelligence.
Comment comptez-vous adresser l’ensemble des spécificités du marché ?
Sherley Brothier : Le secteur de la santé est à la fois vaste et spécifique. En ce qui nous concerne, nous croyons à une approche intégrée des solutions : nous n’avons pas l’ambition d’être exhaustif mais de proposer un écosystème qui embarque des solutions partenaires à haute valeur ajoutée. D’ailleurs, notre plateforme EasIA permet d’intégrer des partenaires technologiques, notamment des partenaires en intelligence artificielle. Notre objectif est d’adresser ainsi la pluralité des usages, de l’aide au diagnostic médical, à l’aide à la prise en charge patient, en passant par la valorisation des données dans le cas du PMSI (Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information).
Nous ne dérogeons pas à notre mission première : augmenter le potentiel de nos utilisateurs en mettant à leur disposition les meilleures solutions possibles. On touche ici au cœur de notre ADN, délivrer la bonne information, au bon moment, à la bonne personne avec la bonne couche de technologie pour faciliter le travail des professionnels de santé et contribuer ainsi à l’amélioration de la chaine de soins au bénéfice final du patient.
Actuellement, nous travaillons également à des solutions no code/low code. Elles permettront d’adresser les besoins spécifiques des établissements de santé à moindre coûts puisque les développements pourront être réalisés par les directions informatiques locales. Les professionnels pourront ainsi profiter d’outils parfaitement adaptés à leur besoins métier dans des délais réduits. C’est une nouvelle ère qui s’ouvre à nous mais aussi à l’ensemble de nos clients qui bénéficieront alors de la puissance d’une offre standard du marché, en ligne avec l’état de l’art technologique, et ouverte à leurs besoins de personnalisation.